Courir aux sensations

Publié le par Grégoire CHEVIGNARD

La sensation d'avoir fait une bonne séance ...
La sensation d'avoir fait une bonne séance ...

Je m'inscris dans une vision romantique de la course à pied, aux antipodes de la vision techno, entraînement fractionné / au seuil, nutrition pointue, chronométrage permanent, suivi des dérives cardiaques, calcul de la VMA, travail sur le VO2max, etc, etc.

Cela ne m'empêche pas, bien entendu, de céder aux sirènes du marketing techno, parfois, et de m'acheter une montre GPS qui pour plus de 200 Eur fait la même chose qu'une appli gratuite sur smart phone ou une paire de chaussure "design" qui ne fait pas courir plus vite.

Mais je serais plutôt Rocky à ses débuts, que Drako, produit du dernier état de la science sportive dans mon approche.

Il y a donc une expression que j'ai toujours adorée en course à pied pour désigner l'entraînement, c'est celle de la "course aux sensations". Je n'ai jamais véritablement compris ce que cela signifiait, mais cela fleurait bon le "je cours comme je le sens et ça ira bien".

Et il faut reconnaître que pour les sorties longues, cela fonctionne plutôt pas mal ; je ralentis quand j'ai un petit coup de pompe, plutôt que de forcer et m'arrêter quelques kilomètres plus loin, et j'accélère quand le sucre de ma goulée de crème de marrons réveille mon cortex avant de nourrir mes muscles.

Hier soir, ce n'était pas le même contexte ; mon plan d'entraînement Marathon des Sables me laisse un peu de répit cette semaine en ce qu'il m'impose une petite semaine d'assimilation (c'est à dire 50 km dans la semaine contre 120 km la semaine dernière), ce qui coïncide avec mon plan d'entraînement Marathon que je tente de mener de front et qui m'impose une grosse semaine (pour un plan marathon) à 50 km ... mais avec deux séances de vitesse, une de 13.5 km hier et une de 27 km dimanche.

Et la vitesse, ce n'est ni mon fort, ni ce que je travaille pendant les semaines ou je mange des kilomètres au petit déjeuner, déjeuner, goûter et diner.

Bref, j'ai tenté la séance de vitesse en courant aux sensations, c'est à dire sans regarder toute les minutes ma montre GPS pour savoir si j'étais dans le rythme (impossible de toute façon, il pleuvait trop et la nuit était trop sombre) ; je savais que le rythme se devait d'être soutenu.

Mais, franchement, qu'est ce que tu veux ressentir comme sensations quand tu cours vite et longtemps à part un point de côté, une crampe soudaine ou l'envie de vomir ?

Pratiquement, ai je découvert ce soir, "courir aux sensations" quand on court vite, cela signifie que si tu n'as pas un point de côté lancinant, c'est que tu ne cours pas assez vite, et si tu vomis, c'est que tu cours trop vite.

Et donc, "courir aux sensations" c'est bien "je cours comme je le sens" mais ce que je sens, il faut que ça fasse mal.

Et courir une heure, dans la nuit, sous la pluie, en prenant soin d'entretenir un point de côté "gérable" pendant toute la durée, c'est beaucoup moins romantique que ce que tu imaginais ; cela t'amène à t'interroger sur les raisons qui te font courir après le chrono plutôt que courir, tout simplement.

Heureusement, dès la semaine prochaine, il me faudra de nouveau ingurgiter des kilométrages qui m'abrutiront de fatigue : plus de chrono, plus de vitesse, plus de point de côté, plus d'introspection.

A suivre ...

Publié dans A chaud !, Entraînement

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F
Il suffirait de savoir si ce qu'on veut 1 trouver, 2 fuir 3 prouver ....pour que çà devienne moins énigmatique ?<br /> En tout cas chapeau pour l'introspection en &quot;live&quot;. Moi qui croyais (avec Platon, dit-on) qu'on ne peut pas a la fois faire du vélo et se regarder pédaler....me voici bluffé.
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D
Je ne sais pas, mais l'école péripatéticienne, qu'est ce qu'elle s'entraîne autour de l'hippodrome de Longchamps ...
H
Platon? Il a gagné combien de Tour?
P
Pour le vélo, je ne sais pas, mais pour la marche -et sa soeur, la course- il y a au moins une école de pensée associée. <br /> Sauf à considérer que si la marche oxygène le cerveau et stimule la pensée, la course, elle, épuise les réserves d oxygène et glucides, et n'autorise donc qu'une pensée confuse.<br /> Vivement les 27 km de demain pour avoir le temps d'y penser !