Marathon Des Sables, compte rendu (ou pas)

Publié le par Grégoire CHEVIGNARD

Quelle épreuve ... ce compte rendu
Quelle épreuve ... ce compte rendu

Il y a un mois, atterrissage à Orly au retour du Marathon des Sables, 30ème édition. Et depuis ce retour, une question : peut-on rédiger un compte rendu d'une course comme le Marathon des Sables ?

Venant d'un graphomane avéré (225 posts en 18 mois) cette question peut prêter à sourire puisque hormis le mode de cuisson des pâtes complètes à la veille d'une course, je n'ai pas dû vous épargner beaucoup de détails de ma vie de coureur débutant, en mode "Candide à marathon" ou "Bécassine fait du jogging".

Mon propos n'est pas de remettre en cause les compte rendu existants ; au contraire, ils font partie de la question.

L'option video a été préemptée par TV5 monde pendant la course et complétée par @djodei qui a filmé la course de l'intérieur (https://www.youtube.com/watch?v=KKzqpQueOH4) avant d'être finalisée par l'organisation Marathon des Sables avec le film officiel (https://www.facebook.com/pages/Marathon-Des-Sables/165478940131381?fref=ts).

L'option humoristique, décalée et informée est l'oeuvre de Michel Laurent, coureur passionné de désert et une des références pratico-pratiques de la préparation au Marathon des Sables (http://objectif-mds-2015.over-blog.com/2015/04/cr-2015-episode-i.html).

L'option linéaire, réaliste, photo-reportage et exhaustive est l'oeuvre de Bert (http://www.kikourou.net/recits/recit-17254-marathon_des_sables-2015-par-bert.html).

Bref, qu'ajouter à cette profusion de bons compte rendu ?

Certes Raymond Queneau a réussi à écrire 99 fois la même histoire dans Exercice de Style sans que le lecteur ne décroche mais je ne suis pas certain qu'en additionnant le talent littéraire de 99 coureurs du désert nous parvenions à susciter le même intérêt de la part des lecteurs. Nous risquerions, plutôt, d'atteindre à l'incomparable ennui, que les moins de trente ans n'ont pas connu, des soirées diapos.

Mais, sans même se préoccuper des productions des autres coureurs, comment parler d'une course à étapes ?

Parler de la course, uniquement, c'est oublier que celle-ci est la célébration de longs mois d'entraînement. Or, comme chacun sait parmi les coureurs, c'est autant l'atteinte de l'objectif que le parcours emprunté qui font la valeur et la beauté d'un voyage.

Parler de chaque étape ou chaque jour, c'est, bien entendu, faire une relation exacte du quotidien, mais oublier la dimension, importante, de la gestion de la course dans la durée.

Parler des rencontres effectuées pendant la course, que ce soit par la force des choses parce qu'il faut bien vivre ensemble au bivouac, ou par choix parce que l'expérience de la course ou de la vie dans le désert rapproche, ou des rencontres ratées, par manque de temps ou de volonté, c'est bien entendu relater la dimension humaine, indéniable, de l'épreuve mais oublier que la course, avant d'être solidaire, est solitaire. C'est aussi prendre le risque de ne relater que des anecdotes de vieux combattants qui n'intéressent que ceux-ci.

Parler de la découverte du désert, qui est une émotion esthétique, suppose un talent que peu ont et publier un roman photos permet d'illustrer le propos mais, en aucun cas, de relayer l'émotion ressentie, par exemple, à la découverte d'un bouquets de marguerites poussé au milieu des dunes après une demi heure à crapahuter dans le sable, sans autre horizon que du sable ocre ; l'émerveillement naît du vécu, pas du tableau, aussi bien léché soit il.

Enfin, pour qui écrire ?

Pour soi même, comme on fait un album photo pour fixer ses souvenirs ?

Pour les autres coureurs, pour prolonger un peu l'expérience et le partage ?

Pour les futurs coureurs, pour leur transmettre le peu d'expérience acquise ?

Pour les proches qui se sont investi ou ont subi ce Marathon des Sables, qu'ils sachent ce que cela a représenté (au cas improbable où ils ne l'aient déjà entendu quelques centaines de fois) ?

Bref, pas facile d'organiser et présenter ses souvenirs même si le mois passé a permis de passer au tamis de la mémoire cette expérience assez unique.

C'est pourquoi, plutôt que de rédiger un compte rendu, je vais :

- publier un fichier qui est la reproduction des notes, non éditées, prises pendant la course au jour le jour ; à défaut d'être passionnant à lire cela permettra aux futurs concurrents d'anticiper ce que pourrait être l'évolution de leur état d'esprit au fil de l'épreuve ; j'enrichirai ce fichier de quelques photos pillées chez de vrais photographes.

- publier un fichier qui décrit mon plan d'entraînement et ma capacité à le suivre ; cela n'a d'intérêt que pour ceux qui voudront courir cette épreuve mais je m'empresse de préciser que ce plan n'était pas fait pour moi (ie, pour un coureur certes marathonien mais très modestement marathonien) et qu'un plan plus raisonnable (en gros 20 km tous les 2 jours) est amplement suffisant pourvu qu'on ait déjà couru un ou deux marathons et, peut être, un trail d'environ 65km afin d'avoir l'expérience psychologique d'une course de plus de 8 heures.

Bonne lecture à tous et merci de votre suivi.

A suivre ...

Publié dans Marathon Des Sables

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