Le bonheur est dans le pré

Publié le par Grégoire CHEVIGNARD

C'est avec encore moins de préparation et réflexion que toutes mes autres courses que je me suis lancé sur ma première épreuve officielle de 24 heures. Mission : couvrir le plus de distance possible de samedi matin 10 h à dimanche matin 10 h sur un circuit de 1,4 km.

Enoncé comme ça, cela paraît à peu près aussi excitant que de regarder l'herbe pousser ; c'est pour ça que ça se passait à la campagne, ou, en tout cas à ce qui s'en approche le plus à Paris, au Champ de Mars dans le cadre de la No Finish Line Paris.

La No Finish Line (http://www.nofinishline.com/) est un événement de plusieurs jours de course à pied caritatif inventé à Monaco en 1999 dont le concept est simple : pour chaque km parcouru par les coureurs, les sponsors de la course donnent 1 Eur à des oeuvres ; l'édition 2015 à Monaco accueillera environ 12.000 coureurs qui peuvent courir à leur gré (en revenant plusieurs fois) ou dans le cadre de courses organisées (course avec poussette, course en talons aiguilles, course en famille, course des femmes enceinte, 24 heures, etc, etc). A Paris, c'était la première édition avec un peu plus de 3000 participants (http://nofinishlineparis.com/).

Rendez-vous donc samedi à l'aube (enfin presque, 10 h) sur la ligne de départ.

Première surprise : nous ne serons que 8 à concourir dans le cadre de cette épreuve de 24 heures alors que le site de la course avait annoncé un nombre d'engagés maximum de 100. Il apparaît que la course subit la concurrence directe d'une autre épreuve de 24 heures en région parisienne le même week-end et la concurrence indirecte des championnats de France de 24 heures qui aura lieu le week-end suivant. Me voilà assuré de finir dans le top 10 !

Deuxième surprise : je suis le plus jeune et, à deux exceptions près, pas qu'un peu (il me semble qu'un des concurrents doit avoir environ 80 ans).

Troisième surprise, qui m'ouvre les yeux sur ce que sont les coureurs d'ultra : deux des concurrents sont engagés sur les quatre jours de la No Finish Line et ont donc déjà enquillé entre 150 et 170 km entre jeudi et vendredi avant de débuter l'épreuve.

Avant même le départ me voilà déstabilisé ; il faut dire que je me suis très superficiellement préparé, et exclusivement en surfant sur internet. J'ai retenu de mes lectures qu'il faut privilégier la régularité, la lenteur (surtout au début, ensuite elle s'impose d'elle même) et qu'il faut avoir quelques repères simples : nombre de tours à effectuer pour atteindre l'objectif, temps au tour. J'ai donc prévu de courir à environ 8 min / km (soit 7,5 km/h) aussi longtemps que possible sur un tour de 1,4 km (longueur annoncée sur le site de la course) pour atteindre un objectif de 115 tours qui représenteront 160 kilomètres (ne cherchez pas à refaire le calcul, il y a derrière des algorithmes qui prennent en compte la perte de vitesse graduelle au fur et à mesure que la fatigue s'installe). Bref, j'ai un plan de course : 115 tours à 11 min 11 sec au tour.

Quatrième surprise : le briefing d'avant course nous annonce que le parcours mesure 1,304 km et non pas 1,4 km. Je sens qu'avec trois décimales, je vais avoir du mal à recalculer de tête mon plan de course ... Tant pis, il me reste ma montre GPS à plus de 200 Eur (et oui, le running est un sport simple ... mais onéreux) pour surveiller mon rythme de 8 min/km. Comme je l'ai achetée pour son autonomie de batterie (50 heures en mode GPS dégradé), pas de soucis.

Départ, donc, en toutes petites foulées, ce qui me permet de voir tout le monde, ou presque, partir devant moi, ce qui n'est jamais très agréable. Ce sentiment est renforcé par le fait que nous partageons le circuit (le tour du Champ de Mars) avec tous les autres participants de la No Finish Line qui, eux, n'ont aucune raison de courir aussi lentement. Pendant trois heures je ne double personne à part quelques marcheurs et quelques coureurs âgés de cinq ou six ans et je ne cesse de me faire doubler. Cela ne m'agace que lorsque c'est un des coureurs du 24 heures qui me double (et donc me prend un tour), ce qui m'arrivera quatre fois pendant ces trois premières heures : je n'ai pas encore pris la mesure de la différence de niveau entre Yann (car c'est lui qui m'a doublé quatre fois) et moi.

Plus le temps passe et plus mon esprit vagabonde ; je ne suis donc plus concentré sur mon rythme. Je me mets à accélérer et dépasser du monde et survient alors mon premier réflexe de coureur d'endurance : "Attention, j'ai doublé quelqu'un, c'est que je dois aller trop vite !". Mais comme je ne me suis pas entraîné à la vitesse spécifique des 24 heures, mes jambes ne cessent de revenir à leur rythme naturel "longue distance" qui est -bien que lente- trop rapide pour que je puisse tenir mon plan de course. J'abandonne le combat contre mes jambes et les laisse faire.

Premier marathon bouclé en 4h45 et je commence à prendre la mesure des différences entre la course sur plat, ou route, et les courses trail. Dans le dernier cas, on alterne plat et dénivelé, ce qui permet de varier les allures et les groupes musculaires sollicités ; la fatigue s'installe moins vite. Sur le plat, la régularité ne laisse aucun répit. Bref, l'usure s'installe un peu plus rapidement et les six premières heures qui ne devraient être qu'une ballade vont marquer le début des difficultés.

J'ai l'agréable surprise de voir arriver Paul Henri qui veut courir un marathon en trois jours ; il a entamé son effort la veille et me rejoint pour réaliser le deuxième tiers en ma compagnie. Il s'est dit qu'après plus de cinq heures de course je serais encore frais physiquement et que je commencerais à m'ennuyer. Il apprendra l'alternance course / marche, ce qui ne l'a peut être pas enchanté ou aidé à atteindre son objectif, mais m'aidera grandement à passer le traditionnel coup de barre de la septième heure.

Cet accompagnement sera aussi le début de la lutte pour ne pas trop gamberger et trouver des moyens de se changer les idées.

Autant dans d'autres courses, on peut se motiver facilement grâce aux différentes étapes parcourues (sur un semi : 10 km, déjà la moitié, tu tiens le bon bout !" ; sur un marathon : "2 heures, moins de la moitié à faire, ça va passer !" ; etc, etc) autant là, que se dire au bout de 2 heures d'effort ? "Super, plus que 22 heures !" ? Ou alors, "Super, plus que onze douzièmes" ? Et après six heures, quand la fatigue s'installe : "Yes ! Plus que trois quarts de la course à faire !" ?

Le principal moyen de se changer les idées, car ce n'est pas l'observation du paysage qui le permet, est la discussion avec les autres participants à l'événement.

J'aurai donc le loisir de m'entretenir avec :

- un des rares finishers du Treg (pour simplifier, le Marathon des Sables au Tchad) venu contribuer, à plusieurs reprises, à la No Finish Line et peu avare de soutien et conseils avisés pour le 24 heures comme pour l'ultramarin à venir fin juin (177 km autour du Golf du Morbihan) ;

- une prof de fitness et pole dance qui, ne pouvant courir pour cause de blessure, a décidé de promener son chien sur le parcours sur une distance de 100 km : chaque fois que le chien cesse de tirer sur la laisse, direction la voiture pour un peu d'eau, une tranche de jambon et dix minutes de repos ; si quand la porte de la voiture est ouverte il en descend, c'est reparti, sinon cinq minutes de repos complémentaires ;

- Luca Papi qui, lui, court pendant les quatre jours de la No Finish Line et alignera plus de 10 marathons en alternant course et sommeil (impossible de discuter avec lui au début du 24 heures, il était encore trop frais et courait trop vite ; dimanche au petit matin, il redémarrait plus laborieusement, ce qui nous permis de marcher de concert) ;

- Corinne, la Luca Papi au féminin, qui en alternant marche et course, toujours impeccablement habillée et coiffée -alors qu'après deux heures d'efforts, je ne ressemble déjà plus qu'à un tas de loques- couvrira la plus longue distance parmi toutes les femmes ;

- Bert, magnifique marcheur (il est interdit de course pour cause de ménisque déficient, il est donc interdit de dire qu'il court parfois) du Marathon des Sables qui, à l'instar de Paul-Henri, a fait plusieurs apparitions (quitte à oublier ses lunettes de vue sur place pour convaincre son épouse qu'il se devait de revenir un peu plus que prévu sur place), toujours à des moments stratégiques.

Peu après avoir bouclé mon deuxième marathon (en 6h15 cette fois ci), ma montre GPS me lâche. Elle a bien 50 heures d'autonomie de batterie, mais encore faut il choisir le bon mode, ce que je n'ai pas fait. Je me retrouve désormais sans repère puisque je ne sais pas combien de tours j'ai effectué, que je suis incapable de traduire mon objectif en nombre de tours de 1,304 km et que je ne sais plus à quelle vitesse j'avance. Et à dire vrai, je ne suis pas certain que cela fasse une grande différence sur ma vitesse de progression.

A l'approche de la mi-course, la seule question qui compte (vais-je faire une pause pendant la nuit ?) commence à se poser.

En vertu du principe selon lequel "un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche", (Un taxi pour Tobrouk, Michel Audiard) nous savons tous qu'il convient d'éviter la pause et, mieux encore, qu'il vaut mieux ne pas y penser. Mais la réalité est qu'à part Yann, qui continue à courir à 10 km/h, sans interruption, tous les participants aux 24 heures en sont réduit à l'alternance marche / course, avec de plus en plus de marche. Nous en sommes tous à commencer d'envisager une révision à la baisse de nos objectifs kilométriques mais comme plus personne n'a suffisamment de lucidité pour recalculer de tête un nouvel objectif, nous nous accrochons -avec de moins en moins de conviction- à celui que nous connaissons.

Et tout ceci alors que la nuit ne s'est pas encore installée : la Tour Eiffel n'a pas scintillé.

La tombée de la nuit nous occupe l'esprit pendant quelques tours :

- ai-je bien pensé à amener une lampe frontale ? En aurais-je besoin ?

- je commence à avoir froid mais faut il que je me couvre maintenant alors que les températures ne commenceront à baisser significativement que dans quelques heures ?

- j'ai droit à un repas chaud au ravitaillement ; dois je le prendre maintenant -ce qui m'imposera une longue pause peut être réparatrice et salutaire- ou dois-je attendre d'être au fond du trou au creux de la nuit ?

- où en sont les autres participants à l'épreuve des 24 heures ? comment font ils ?

Cette dernière question ne se pose que parce que nos classements respectifs à l'épreuve ne s'affichent pas ; le tableau d'affichage n'annonce que le nombre d'Eur récoltés pour les associations (à 1 Eur le km, nous parvenons à convertir en distances sans trop réfléchir), pour chacun des coureurs qui passent dans la zone d'arrivée au moment où nous y passons.

En conséquence,

- ceux qui ont déjà couru jeudi et vendredi affichent un total qui n'est pas celui de l'épreuve de 24 heures et

- impossible de savoir où en sont les autres, sauf à passer en même temps qu'eux dans la zone d'arrivée.

A dire vrai, il est théoriquement possible (surtout avec 8 engagés) de suivre soit même ce classement en prenant note des coureurs qu'on double ou qui nous doublent. En pratique, lorsque nous passons dans la zone arrivée qui fait aussi office de zone de ravitaillement il n'est pas possible de voir systématiquement si d'autres coureurs se sont arrêtés. Et comme en Formule 1, bien que les vitesses ne soient pas les mêmes, les passages au stand -en nombre et durée- influent sur le classement.

Je confesse ne m'en être préoccupé que tardivement convaincu que le chiffre qui précédait mon nom au tableau d'affichage était mon classement. Jusqu'à ce que je m'aperçoive que c'était le numéro de mon dossard ... C'est dire mon degré de lucidité.

Et là, je suis 4ème, non ?

Et là, je suis 4ème, non ?

Au début de la nuit, ambiance boîte de nuit avec distribution de casques de manière à ce que la programmation du DJ ne soit entendue que par les coureurs et pas par les immeubles voisins. La seule différence avec une boîte de nuit, c'est que les vigiles, qui filtrent l'accès à la zone arrivée / ravitaillement, ne laissent entrer que les gens en chaussures de sport. Quand je vous dis que le monde de l'ultra running n'a pas les mêmes valeurs que le reste du monde ...

Mais même cela à une fin, même la Tour Eiffel cesse de scintiller toutes les heures et même les joyeux campeurs du Champ de Mars finissent par nous abandonner le terrain.

La nuit est longue, très longue.

Il faut s'imaginer qu'entre 22 heures et 4 heures du matin, nous courrons 6 heures sans avoir l'impression de nous être rapprochés d'un iota de la fin de la course puisque la nuit reste noire et obscure. Tels la chèvre de M Séguin, nous sommes décidés à tenir jusqu'à l'aube et guettons les premières lueurs du jour, non pour abandonner, comme cette feignasse, mais pour pouvoir nous dire : "Super, plus que 4 heures de course !"

Et notre progression lente, très lente, sauf pour Yann qui, tel une machine, enquille les tours à 10 km/h ou presque.

Le parcours est quasi déserté et notre esprit bat la campagne.

Ce n'est que lorsque les coureurs reviennent en piste qu'on se rend compte qu'on ne les avait plus vus depuis des heures. L'un d'entre eux, l'octogénaire, nous expliquera avoir interrompu sa course pour se rendre à l'Olympia et assister au concert de la famille Chedid avant de nous retrouver. L'autre, Thierry le Boucanier, nous dépassera en courant et nous reprendra en un clin d'oeil deux tours nous faisant redouter d'avoir fait le mauvais calcul en restant sur pieds.

Et puis l'espoir d'en voir le bout fini par renaître.

La première lueur d'espoir, c'est une voix qui arrive de nulle part, à 4h30, et qui demande : "tu veux un morcerau de gâteau ?". Il s'agit de Luca Papi qui a repris la course et, ce faisant, s'est saisi d'un plateau où trône une tropézienne qu'il distribue à la douzaine de coureurs en piste. C'est la première fois que je réussis à ingurgiter autre chose que du thé depuis minuit ; cela me fait du bien et me change des sandwichs pain d'épice / saucisson (et oui, on fait ce qu'on peut avec le ravitaillement mis à disposition par l'organisation).

Et à 5 heures, Paris ne s'éveille pas du tout, contrairement à ce que Dutronc voudrait nous faire croire (en tout cas pas le dimanche) mais les oiseaux commencent à s'agiter et annoncer l'arrivée des premières lueurs de l'aube ; cela me change de ma play-list IPod qui m'accompagne, sans changement, depuis mes débuts en course à pied il y a 19 mois.

A 5h30, à l'occasion d'une pause, je reste suffisamment longtemps dans la zone de ravitaillement pour voir le kilométrage de tous les concurrents du 24 heures ; j'en déduis que nous sommes trois à nous tenir dans un mouchoir de poche pour la deuxième place. Mais j'en déduis surtout que si Yann arrêtait d'avancer, il aurait course gagnée, aucun d'entre nous n'étant en mesure de combler ses presque 40 kilomètres d'avance dans le temps qui nous est imparti. Ce constat fait, mon coeur balance entre deux options : tenter d'atteindre mon objectif de 160 km qui n'est pas totalement hors de portée, mais qui suppose que je reste au taquet pendant plus de quatre heures, sans pause significative ce que je ne suis pas certain de pouvoir faire ou sécuriser la deuxième place en avançant de concert avec Carole, la première féminine, troisième au classement sachant que bien que nous partagions le même objectif kilométrique, elle est, en cette fin de course, un peu plus lente que moi, un de ses genoux ayant commencé à sérieusement enfler. Le hasard décidera pour moi : au moment où je repars Carole passe dans la zone ravitaillement ; je m'accroche à son rythme qui, muscles refroidis par la pause et jambes raides, me convient bien pour une relance.

Nous entamons la discussion et avançons de concert pour l'heure la plus longue de la course, de 5h30 à 7h (je sais, cela fait 1h30, mais ce n'est pas que pour ça que c'était long). Nous sommes presque arrivés mais, en fait, pas du tout. Le soleil est absent, il y a du vent, il fait froid, nous ne pouvons plus rien avaler, nous n'avons aucun espoir d'améliorer, d'une manière ou d'une autre, notre "performance", Paris ne s'est toujours pas éveillé et le parcours reste désespérément vide de coureurs, seuls les détritus laissés par les joyeux pique niqueurs de samedi soir traversent la piste au gré des mini rafales de vent.

Et puis la vie reprend. M Treg revient faire quelque tours avec nous malgré l'heure matinale et la météo peu engageante ; c'est ensuite le mari de Carole qui arrive avec pains au chocolat et croissants (qui n'auront pas beaucoup de succès, les estomacs sont irrémédiablement noués) puis Paul Henri.

Une heure avant la fin, je suis surpris de voir Yann marcher et plus courir. Il me dit avoir atteint son objectif, 200 km, et souffrir de tendinite aux talons d'Achille. S'inquiétant de son classement, il me demande "Sais-tu qui est le deuxième ? Sais-tu si il est loin derrière moi ?". Je lui réponds avec un grand sourire que je suis le deuxième et qu'il a environ 50 km d'avance sur moi. Il a suffisamment de lucidité pour se rendre compte que même en louant une mobylette ou un Sedgwick, qui nous a tant fait envie la veille, je n'aurai aucune chance de le rattraper d'ici la fin de la course. Il finira le tour et s'arrêtera pour rejoindre l'infirmerie où il fera un long séjour.

Enfin Bert rejoindra Paul Henri et moi et, en conjuguant leurs deux énergies ils réussiront, ce qui n'est pas rien, à me faire, sinon courir, au moins trottiner un tout petit peu lors des deux derniers tours.

Enfin arrivé, avec Paul Henri en arrière plan

Enfin arrivé, avec Paul Henri en arrière plan

Course finie, le soulagement est de courte durée.

Après une première photo des concurrents du 24 heures à laquelle manquent le vainqueur, toujours à l'infirmerie, et un des coureurs de 4 jours, déjà reparti pour enquiller quelques tours supplémentaires, nous avons droit à un fort joli brunch auquel nous faisons modérément honneur.

Tous, en l'espace de vingt minutes, nous commençons à nous enkyloser et trembler de froid. Pour ma part, alors que je n'ai ressenti aucune douleur -autres que celles liées à la fatigue- pendant la course, je commence à développer une superbe et douloureuse inflammation au pied droit.

Podium (finalement 153 km pour un objectif de 160 km), click clack Kodak, retour maison en bus.

Vite pour la photo, on a mal !

Vite pour la photo, on a mal !

Hola, pas si vite ! Il faut y aller jusqu'à l'arrêt de bus ... C'est long 300 mètres à raison de 30 cm par pas.

Et une fois assis dans le bus, deux passagers, l'air inquiet, me demandent si ça va ; je ne dois pas avoir l'air trop en forme. Je tente de les rassurer en leur expliquant que je viens de courir 24 heures ; je vois qu'ils sont convaincus que je délire. Je leur indique que je descends à l'arrêt "Hôpital Américain" ; cela semble les tranquilliser.

Et arrivé à l'arrêt du bus, qui est à 250 mètres de la maison, je demande à Isabelle de venir me chercher en voiture. Pour avoir le plaisir de lui souhaiter aussi vite que possible une bonne fête des mères, bien entendu. Rien à voir avec ma claudication prononcée.

Une fois le déjeuner achevé, je me couche pour ne me relever qu'au moment du dîner : un beau dimanche de fête des mères !

Et alors, heureux ? Quel rapport entre le titre et cette trop longue relation ?

J'ai casé le mot bonheur dans le titre car je ne voyais pas trop à quel moment l'insérer dans le récit . Je crois que je n'ai pas saisi l'esprit du 24 heures et n'ai toujours pas compris l'intérêt de courir sur un circuit aussi court, sinon pour des raisons pratiques associées à la fréquence des ravitaillements. Peut être mon incompréhension est elle due au fait que je me suis inscrit sur un coup de tête à la course et ne m'y suis pas préparé. Je ne me suis donc pas fixé d'objectif à atteindre coûte que coûte ; or, semble t il, le 24 heures est avant tout un exercice de volonté qui impose de continuer àCOURIR tout le long. Comme j'ai abordé cette course comme un trail, pour simplifier en marchant dès que la fatigue devient trop importante pour mieux courir deNOUVEAU plus tard, j'ai raté l'essentiel de l'esprit de ce format de course.

C'est pourquoi je me suis retenu de me qualifier de circadien -c'est ainsi qu'on nomme les coureurs de 24 heures.

Je ne le ferai que si jamais je parviens un jour àCOURIR, et non pas alterner marche et course, 24 heures. Ce qui implique que je ne m'interdis pas de recommencer ...

Et après ?

Récupération (le pied droit ne fait plus que 1,2 fois la taille du pied gauche) avec, pour finaliser cette récupération, marathon de Carcassonne, en famille, ce dimanche.

A suivre ...

Publié dans Course

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T
Et la messe ?
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I
Heureusement messe du cathé aujourd'hui pour rattraper le coup !
J
Mais du coup, t'as pu voir télé foot ?
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R
No cete romane garosse durant la fine de semana et ça doute longtemps pas comme les feignasses dou foot
T
Que dire? Les mots me manquent pour qualifier un tel exploit. <br /> Jusqu'où aller sans toutefois atteindre la folie? J'ai vaguement l'impression que la dite limite est déjà bien passée; autrement dit que tu es périmé.
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S
Mais pour réussir à se dépasser en courant il faut être un peu fou ou, en tout cas, se dédoubler
B
Comme toujours en lisant cet excellent nouveau récit, un mélange d'admiration et de... MDR !<br /> <br /> Sinon, pour tes stats et futures tentatives : <br /> 1) tu peux faire beaucoup mieux encore !!<br /> 2) j'ai un ami qui a réussi 184 km en marchant uniquement <br /> => donc pas d'excuses sur le prétexte courir sinon rien ;-)
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Une petite recherche a posteriori m'indique que les minima qualificatifs pour les championnats de France sont 180 km pour le 24 h et 3h05 pour le marathon ; il me reste à déterminer lequel des deux j'ai le plus de chance d'atteindre sans me pourrir la vie à coup d'entraînements ardus. <br /> Je crois que je vais regarder de plus près la technique de marche pour "rentabiliser" cette partie du 24 heures et des des trails.<br /> A réfléchir.